An die Musik
Et avec la musique où serions-nous? Serions-nous ailleurs? Il semblerait... Entrés dans un espace inouï, je veux dire non allégorique, non réfléchissant, non reconnaissable; en d’autres termes: pas même énigmatique, plutôt: sans solution, si l’énigme et la solution sont ensemble, et que l’énigme murmure “tâche à résoudre l’énigme que je te propose” (Proust); si le principe de la solution de l’énigme (grec, grecque, grecque) consiste à se reconnaître; si l’énigme sphingée vient sur toi en répétant “c’est toi, tu ne te reconnais pas mais c’est toi, toi Œdipe, Socrate, connais-toi...”
Là, où nous sommes entrés, musique, ce serait autre que toi; il semblerait qu’il y ait de la non-semblance, de l’épaisseur et pas seulement de la surface pour réfléchir ton image et te la renvoyer pour te donner la chance de te reconnaître. Il y aurait de l’inconnu et du nouveau au fond; du non traductible, non interprétable, non réductible ¾ sans reconduction à l’ego, à l’ego retiré au centre de tout, foyer “derrière” ses projections où se (re)constituer. Échapper à son image serait possible? Au dieu passé et à celle qui est “l’avenir de l’homme”... Pas moi, pas ça, même pas “mon autre”! La galerie des glaces est cassée, la musique a commencé toute seule. Pourtant il n’y a même plus l’illusion de feindre qu’on puisse sortir de l’illusion en passant “derrière les miroirs.”