Michel Deguy



An die Musik


     Et avec la musique où serions-nous? Serions-nous ailleurs? Il semblerait... Entrés dans un espace inouï, je veux dire non allégorique, non réfléchissant, non reconnaissable; en d’autres termes: pas même énigmatique, plutôt: sans solution, si l’énigme et la solution sont ensemble, et que l’énigme murmure “tâche à résoudre l’énigme que je te propose” (Proust); si le principe de la solution de l’énigme (grec, grecque, grecque) consiste à se reconnaître; si l’énigme sphingée vient sur toi en répétant “c’est toi, tu ne te reconnais pas mais c’est toi, toi Œdipe, Socrate, connais-toi...”

     Là, où nous sommes entrés, musique, ce serait autre que toi; il semblerait qu’il y ait de la non-semblance, de l’épaisseur et pas seulement de la surface pour réfléchir ton image et te la renvoyer pour te donner la chance de te reconnaître. Il y aurait de l’inconnu et du nouveau au fond; du non traductible, non interprétable, non réductible ¾ sans reconduction à l’ego, à l’ego retiré au centre de tout, foyer “derrière” ses projections où se (re)constituer. Échapper à son image serait possible? Au dieu passé et à celle qui est “l’avenir de l’homme”... Pas moi, pas ça, même pas “mon autre”! La galerie des glaces est cassée, la musique a commencé toute seule. Pourtant il n’y a même plus l’illusion de feindre qu’on puisse sortir de l’illusion en passant “derrière les miroirs.”

 

Compléments d’objets (décembre)
Une question au poème
Gisants
Du secret
Notre demeure
Ce qui assemble prépare la ressemblance
Le principe de la marelle

Letter to Gérard Bucher regarding On the Vision and the Riddle

(translations by Wilson Baldridge)



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