Le principe de la marelle
Bay James: le mille-mâts de la toundra aux vergues d’acier dans la tempête avec les gabiers de pylônes qui déferlent par moins 30° les drisses de 700 000 volts ¾ attend son Melville, encore et toujours, son roman?
Fontanillas: je me rappelle les antennes de Radio-Free-Europe au crépuscule sur la plage catalane, cirque plus beau qu’un cirque clignant de cent feux rouges, cirque de câbles, de balises, d’échelles et de fils pour ondes funambules, que le soir dressait à la mesure des collines, des îles et de l’au-delà d’ici.
Quelle transformation à l’œuvre? Appelons ça le principe de la marelle: sur le pavement où nous marchons, le regardant sans le considérer, où nous faisons excréter notre chien, voici qu’arrive une fillette, qui tout en respectant le dessin dallé le transforme par son jeu en “marelle” ¾ comme l’Hidalgo faisait le plat à barbe en armet...
Tâche culturelle? Reprendre tels artefacts dans une vue poétique, les dévoyant de leur être technique, s’il ne s’agit ni de les monter ni de les expliquer, mais de les amener à être visibles dans notre monde autrement que selon la fiche technologique de leur production et de leur fonction, mais à côté des autres, avec les autres, en comparaison avec les autres, et ainsi les reconnaissant dans une neuve et antique configuration, cela ne se pourrait que par le langage et en l’occurrence par le poème qui file la métaphore de leur réseau de circonstance.