Du secret
Mais en même temps il me parut qu’il ne tenait pas qu’à moi que l’amour fût sans issue; un secret de la vie dans la vie comme dans les meubles ou les demeures d’autrefois, un secret aussitôt perdu que changé en union comme un meuble à secret éventré requiert qu’on refasse un secret; et que le nôtre avait suivi cette voie de sa fatalité clandestine “aveugle” sous son bandeau et donc malheureux dans son bonheur, heureusement malheureux en un certain sens; rapporté à l’imminence toujours différée et rapprochée de la séparation et suivant en cela le destin annoncé, narré, dans les œuvres petites et grandes... Et que l’œuvre avait à voir avec cette logique, l’œuvre nouée, serrée d’arcane, tissant les liens avec les œuvres anciennes, bourrant de secrets ce secret, coffrets ouvragés cénotaphes adornés d’amour recelé, franc-maçonne, passeuse du latent couloir ¾ comme les roses de Fortini étouffant de fines relations complexes l’histoire et la parole d’amour.
Et c’est tout cela qui fait la souffrance; et entre la souffrance ¾ dont à l’instant où j’écris je sens la montée antipéristaltique ¾ et cette phrase de sonate ou cette peinture, il n’y a aucun rapport direct (comment l’un “traduirait”-il l’autre?), mais l’abîme de la métaphore, et le mot d’expression dit en vain le rapport le plus vague qui soit, dit désespérément, aveuglément, la croyance en ce transport massif et irretraçable entre la souffrance et l’art.